Kristo
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Publié le: Dim 24 Fév 2013, 0:24 Sujet du message: Porteur de paroles “où va l’argent public” |
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Hier, rendez-vous 10heures au café.
Thé à la menthe ou café, bienvenue à Marseille.
Belsunce, un quartier où il fait bon d’entendre mille
accents différents. Chacun argumente sur la
formulation de la question, sur la forme, sur ce qu’on
veut questionner. Des projets publics aux prises de
décisions, des décideurs aux investisseurs… Après
tout, quelle est la place du citoyen dans les décisions ?
Comment décide-t-on d’où vont nos impôts ? On
tombe finalement d’accord : “Où va l’argent public ?”
Hier, rendez-vous 10heures au café.
C’était le début d’une belle journée !! Chance ou circonstance ? C’était aussi la journée
d’ouverture de Marseille capitale de la culture 2013… Alors il va où l’argent public ?
Il me serait impossible de vous raconter toutes les rencontres et toutes les discussions que
nous avons eu. Mais avec une quarantaine de panneaux, 3 marqueurs et de la ficelle, vous
pouvez voir le résultat en photos…
J’aimerais trouver les mots pour vous raconter ces jeunes qui se sont mis à animer le porteur
de paroles en faisant la promotion de leurs panneaux aux passants.
J’aimerais vous décrire tous ces gens…
Ceux qui nous ont remercié de faire ça,
Ceux qui simplement sont passés,
Ceux qui ont été touché,img2
Ceux qui nous ont amené du carton quand nous n’en
avons plus eu,
Ceux qui ont pris le temps de s’arrêter,
Ceux qui vous racontent leurs histoires sans pudeur,
Ceux …
J’aimerai vous faire partager le fou rire lorsque la
patrouille de l’armée de l’air est passée pour l’ouverture
de Marseille 2013 et que certains ont crié en montrant du
doigt le ciel “Mais il est là l’argent public! Au dessus de
nos têtes !”
Sourire parmi les gens…
J’aimerais vous emmener voir Nadine et son fils Chaïm,
avec qui j’ai parlé éducation et intégration pendant
presque 1heure. Un parcours de vie complexe comme
on en rencontre tant lorsqu’on prend le temps de tendre
l’oreille et d’écouter vraiment.
J’aimerais vous faire voir les policiers municipaux.
Ils sont venus, d’abord avec l’air méchant.
Ils sont repartis en nous disant : “vous voulez que je
vous dise ? Tout ça, ça va dans les poches des
politicards, mais ça… on n’a pas le droit de le dire!”
Pas le droit… C’est bien dommage, alors nous on le
crie et l’écrit.
J’aimerais vous montrer la foule autour du
porteur de paroles qu’on a laissé en place
lorsqu’on eut fini, et toutes ces discussions
qui s’amorçaient ou continuaient sans nous.
Hier à 16 heures, nous étions de nouveau dehors au café, à côté de la bibliothèque. Thé à la
menthe ou café. Belsunce toujours. On observe le porteur de paroles à 20 mètres de nous.
Fini depuis une petite heure, les gens s’arrêtent toujours. Et naturellement on débriefe. Ça
vient instinctivement. Je prends, je laisse. On observe toujours les gens qui passent, qui
ralentissent, qui s’arrêtent, qui lisent, qui sourient, …
Hier à 16 heures, nous étions de nouveau dehors au café.
La police est revenue. Ils sont rentrés dans la bibliothèque,
probablement pour savoir si les panneaux accrochés sur leurs
barrières faisaient partie d’une exposition ou d’un événement
quelconque.
Non, ce n’est pas le cas.
Ils sont venus au café où nous étions. On rentre discrètement
la tête.
Ils sont ressortis avec un couteau de cuisine.
Mais pourquoi diable ?
Alors, ils ont commencé à tout enlever…
Et une chose incroyable s’est produite, les gens ont
commencé à les huer, ponctués de commentaires “elle est
belle la démocratie tiens” ou “et la liberté d’expression ??”
Hier à 16 heures, nous étions de nouveau dehors
au café.
J’aimerai vous raconter l’émotion en entendant le
même groupe de jeunes dire “bon c’est le
moment où on passe à l’action, les gars ? On met
les cagoules et on récupère les pancartes pour les
raccrocher !!”
Hier à 16 heures, les gens trouvaient ça
scandaleux qu’on ne puisse pas laisser leurs
panneaux accrochés en ville…
Il n’y avait aucun mal, ni aucune dégradation
après tout, alors pourquoi enlever toutes ces
paroles citoyennes ?
Hier à 16 heures, toutes les pancartes se sont alors retrouvées dans le coffre de la voiture.
Vont-ils redécorer leur commissariat ?
On est allé demander innocemment :
Que faites-vous ?
Pourquoi enlevez-vous la parole des citoyens ?
Ne sommes-nous pas en démocratie ?
Rien à faire.
Ils exécutent seulement les ordres, ça vient de leur
hiérarchie, eux ne sont que des exécutants. J’ai pensé
qu’il était bien dommage d’exercer un métier sans
pouvoir réfléchir, qu’il était triste de devoir obéir
aveuglément.
On est allé demander innocemment :
Que faites-vous ?
Pourquoi ne pas profiter du jour d’ouverture de Marseille 2013 pour
montrer une initiative citoyenne ?
Rien à faire.
Marseille 2013 oblige, la réponse toute lisse et toute plate vient gifler
nos esprits : « non justement, c’est pas culturel »
J’aurai voulu hurler.
Quoi ? Je ne savais pas trop à cet instant précis.
Ce soir pourtant, je repense qu’elle était juste là sous notre nez la
culture.
Malgré tout, ne voyez pas tout noir. Ce fut certes éphémère, et sûrement plus que nous
l’attendions, mais je suis rentrée heureuse de l’expérience, enrichie de mille rencontres et
pleine d’espoir.
Les gens n’ont pas conscience qu’ils portent en eux de magnifiques graines qu’il faut faire
germer.
« L’avenir est ce que vous faites maintenant. » – Gandhi
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